Entretien croisé dans Le Vif, paru le 4 mai 2024. Propos recueillis par Thierry Denoël.
Extraits :
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Depuis une décennie, les campagnes électorales ont intégré l’ère numérique, essentiellement en s’infiltrant dans les réseaux sociaux. Les partis populistes et d’extrême droite sont ceux qui utilisent le plus cet outil pour racoler les électeurs. Il est vrai qu’ils ne bénéficient pas de la même visibilité, dans la presse, qu’un parti traditionnel au pouvoir. Mais ce n’est pas la seule raison. «Il existe une volonté dans le chef de ces partis radicaux de se détourner des médias classiques, pour court-circuiter un éventuel cordon sanitaire, mais aussi pour pointer la presse traditionnelle qui est amalgamée aux élites dénoncées par ces partis, analyse Nicolas Baygert, docteur en sciences de l’information et de la communication et enseignant à l’Ihecs et Sciences Po (Paris). On peut y voir une forme de dissidence, une manière de sortir du lot. On le constate avec Donald Trump, avec l’afD en Allemagne, le parti Vox en Espagne, l’alt-right en Grande-Bretagne, le Vlaams Belang en Belgique… C’est une globalisation de l’activisme numérique en ligne de la droite radicale.»
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Le Belang, champion digital
Dans la plupart des pays, les citoyens sont aussi de plus en plus nombreux à avoir changé leurs habitudes de consommation médiatique. Ils ne s’informent plus par les médias classiques, en particulier les jeunes très gourmands des réseaux sociaux et de sites vidéos comme YouTube. «L’extrême droite n’est évidemment pas seule à s’intéresser à ce public grandissant, mais elle a le mieux compris l’opportunité de caisse de résonance de Facebook, Instagram et consorts, en s’imprégnant des thématiques polémiques et en proposant un exutoire, résume Nicolas Baygert. Pour cela, elle n’hésite pas à dépenser des sommes importantes, y compris pour dépasser l’audience ciblée par l’algorithme, ce qui coûte cher.» En Belgique, le parti politique qui dépense le plus en publicités sur Meta (Facebook, Instagram) est, de loin, le Vlaams Belang. En 2019 déjà, le parti d’extrême droite flamand faisait la course en tête en consacrant la majorité de son budget aux réseaux sociaux, soit 600.000 euros sur un total d’un million. «Il dépassait largement la N-VA qui, en 2014, avait opté pour une stratégie en ligne novatrice, avec le concours d’une agence de communication qui travaille habituellement avec des marques commerciales», éclaire Nicolas Baygert.
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Article complet en ligne sur le site du Vif (Paywall)

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