Plongée dans l’inquiétante campagne souterraine bruxelloise

Interview pour La Libre Belgique parue le 2 octobre 2024. Propos recueillis par Adrien de Marneffe.

Article complet disponible en ligne. Extraits :

[…] « Les campagnes électorales souterraines de la Team Fouad Ahidar, mais aussi d’Ahmed Laaouej, ont été assez efficaces, analyse Nicolas Baygert, spécialiste de la communication politique (Ihecs, ULB et Sciences Po Paris). Mais pour les élections communales, on est davantage sur du micro-targeting, qui touche une audience très limitée, comme cela s’est toujours fait. Les canaux de communication désormais à disposition, comme WhatsApp et Telegram, permettent désormais d’aller chercher sans trop d’effort un électorat qui peut jouer le rôle d’amplificateur. L’idée est de créer un réseau de veille, déjà fortement activé durant les élections régionales, et qui peut être réactivé pour l’échelon communal. Dans ce schéma, les élus locaux incarnent une forme de community managers de leur propre campagne, sans forcément passer par le parti. Comme on l’a vu lors de la campagne de 2019 (NdlR, avec les tracts communautaristes de Zoé Genot), certaines des initiatives prises ne sont pas toujours validées par le parti. Ce peut être contreproductif. Il y a une perte de contrôle, très clairement, des équipes de campagne. »

[…] Au-delà de ce soutien explicite à des partis, une cohorte d’internautes non identifiés inonde la Toile de montages visuels à caractère politique. « Qui sont ces gens ? Je vous assure qu’on n’en sait rien. Quand c’est positif, on se frotte les mains. Quand c’est contre nous, on est embêtés. Mais au fond, ceux qui relaient les messages nous intéressent plus que ceux qui les émettent« , analyse le collaborateur influent d’un ténor politique bruxellois. Car la puissance du réseau compte plus que l’identité des expéditeurs. Ces réseaux ne se déploient d’ailleurs pas de manière identique lors des élections communales que pour les législatives.

La Fédération bruxelloise du PS, par rapport aux scrutins de juin, a par exemple davantage laissé la main aux sections locales. Le parti a bien analysé ses résultats électoraux de juin. Si la défaite a pu être évitée, c’est grâce à des voix obtenues essentiellement auprès des plus de 40 ans, ainsi qu’aux percées réalisées dans les communes plus aisées (Ixelles, Auderghem, Watermael-Boitsfort, Uccle, Woluwe-Saint-Pierre et Woluwe-Saint-Lambert), tandis qu’il a reculé auprès de l’électorat des quartiers populaires (Molenbeek, Saint-Josse, Anderlecht et Bruxelles-Ville).

Ces données expliquent partiellement pourquoi le PS bruxellois a choisi de se recentrer, pour l’instant, sur une stratégie plus sobre plutôt que sur le buzz Tik Tok.

« Mais de manière générale, aux élections communales, les partis sont davantage dans une communication de type guérilla, avec des initiatives très locales », analyse Nicolas Baygert, spécialiste en communication politique.

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