Il n’y a pas de « privacy » sur Facebook ou Twitter

Carte blanche parue dans Le Soir le 26 août 2010.

En cette période de préformation où chaque gouttelette de sueur émanant du front de Bart de Wever encourage les médias, tenus en haleine, de gloser sur l’état de l’avancée des négociations, la récente polémique autour des propos sur Facebook de Laurent Louis, unique député fédéral du Parti Populaire, au sujet des Roms, eut le mérite de distraire les journalistes le temps d’un week-end.

Petit rappel des faits. Dans un Post Facebook lié à l’actualité française, le jeune élu Parti populaire (PP) établit un lien explicite entre la présence des Roms et la délinquance en Belgique. La RTBF prend connaissance des termes utilisés par le député sur son Wall et en fait un reportage, info aussitôt relayée dans les médias et la presse écrite.

Le Parti réagit avec un communiqué officiel et son Président, Mischaël Modrikamen précise dans une interview que les propos fort mal inspirés de Laurent Louis ne sont pas ceux du PP. Les jeunes du Parti publient à leur tour un commentaire sur leur page Facebook, où ils se distancient des propos du député. Pour finir, Rudy Aernoudt jusqu’ici Co-Président du PP s’engouffre lui aussi dans la brèche, aboutissant ce lundi à sa révocation du Parti.

Ce phénomène d’emballement médiatique mérite un éclaircissement. Laurent Louis souffre en effet de « mauvaise réputation digitale » ou comment un billet d’humeur réservé à une communauté d’amis virtuels se mue en véritable faux-pas politique. Un faux-pas qui, hormis la teneur de ses propos, s’explique en partie par la naïveté du jeune député à croire à la « Privacy » de ses appréciations. Les mésaventures numériques de Laurent Louis ne constituent d’ailleurs pas une première. Le Buzz autour des photos impériales de Michel Daerden, en décembre 2009, laissait déjà entrapercevoir la force de frappe des réseaux sociaux autour d’une question, cette fois-là, de bon goût esthétique.

Les élus qui s’aventurent dans l’univers des médias sociaux, doivent comprendre la nature indélébile de leurs agissements sur Facebook ou Twitter. Sur Facebook, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous expérimentons demeure enregistré à jamais. D’ailleurs, peu d’happenings publics ou privés échappent encore à l’archivage et à la sauvegarde – des archives disponibles sur Internet pour consultation, analyse et partage. Et nous prenons tous part à ce phénomène d’archivage global.

De la logique du Big Brother, grand surveillant omniprésent imaginé par George Orwell dans son roman 1984, nous sommes peu à peu passés au paradigme des Little Brothers and Sisters, rendu possible par les blogs, les comptes Facebook ou les iPhones, détenus par des millions de consommateurs. Ce phénomène a d’ores et déjà transformé les modalités de la participation politique, avec des centaines de photos et de vidéos qui circulent sur le Web à chaque moment et qui alimentent débats 2.0 et autres Tweets. L’individu muni d’un Smartphone devient ainsi reporter et inquisiteur. Il peut capturer les photos ratées ou les dires peu réfléchis d’hommes politiques dans un moment d’inadvertance, en veillant à les diffuser, à les retweeter sur le réseau planétaire.

Il faut désormais s’y faire: il n’existe plus d’espace de relâche – et donc plus de « privacy » – pour les mandataires épiés. Leurs propos seront discutés et jugés en direct. La « réputation digitale » peut dès lors être comprise comme une prédisposition au jugement en temps réel, dans le contexte du Web 2.0, véritable champ de bataille où partis et mandataires sont également en proie aux agitateurs numériques et autres pirates de la désinformation. Ainsi, à l’ère du 2.0, les dispositifs de communication interactifs et personnalisés tels Facebook ou Twitter permettent un rapport horizontal entre citoyens et élus.

La réputation digitale doit donc être prise en considération comme élément primordial de la « com » des hommes politiques. Rien de plus évident pour certains, déjà accros aux tweets, y compris lors de visites officielles. Pour d’autres, un « crash-course » s’avère essentiel.

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