« Le style Di Rupo trouve sa limite sur le web »

Interview pour l’avenir.net, parue le 16 février 2013.

media_xll_5554827
Nicolas Baygert, vous êtes chercheur au LASCO (le Laboratoire d’Analyse des Systèmes de Communication des Organisations) à l’UCL. Que pensez-vous du « hangout » d’Elio Di Rupo ?

Elio Di Rupo s’inscrit dans la mouvance du digital en utilisant toutes les techniques du web 2.0. C’est dans l’air. On voit aussi que dans des émissions télés, les politiques font face aux questions directes des citoyens. Et pourquoi font-ils ça ? Parce que ça leur permet d’échapper aux questions des professionnels ou des experts plus affûtées ou plus critiques.

C’est ce que cherche Elio Di Rupo ?

Il cherche à se mettre dans une posture au-dessus de tous les partis mais proche des gens. Mais c’est un simulacre de proximité. Les questions posées par les gens par vidéo vont être sévèrement filtrées. Quatre francophones et quatre néerlandophones seront choisis. On imagine bien que ce sera pour mettre Di Rupo en valeur. Et là c’est différent de l’expérience d’Obama où MTV avait sélectionné les questions.

Pour Elio Di Rupo, ce seront ses conseillers qui choisiront…

Voilà. La communication d’Elio Di Rupo est hypercadenassée, hypercontrôlée. Ce manque de spontanéité est le reproche le plus souvent formulé à son encontre au nord du pays. Elio Di Rupo a du mal à répondre du tac au tac, à sortir du script. On voit Di Rupo comme le maître de la communication, et c’est vrai jusqu’ici. Mais sur internet, il se cherche en encore.

spotify

Ah bon ?

Oui. On le voit à la Chambre penché sur son smartphone ou même le laissant sonner quand il est à la tribune. Il veut se montrer hyperconnecté et dans le coup en utilisant les derniers gadgets du net comme « Deezer » ou « hangout ». Mais quand il donne sa play liste sur « Deezer », on voit bien que c’est dans le but de plaire à tout le monde. Il n’y a rien de spontané. On arrive ici aux limites de la communication d’Elio Di Rupo. La web-conversation demande du spontané et de l’instantané. Mais Di Rupo ne veut pas mettre son image en danger, sur le net non plus. Il veut apparaître « in » mais pour ceux qui pratiquent le net, cela apparaît comme de la supercherie.

Carrément…

Cela contraste avec Bart De Wever qui dit qu’un homme politique n’a rien à faire sur Twitter. Il dénonce une tweetocratie, une tendance générale des politiques à réagir en temps réel. Or, selon De Wever, un politique doit garder de la distance, mesurer ses propos et ne peut résumer sa pensée à 140 caractères. De cette façon, De Wever apparaît comme d’avantage dans une politique de long terme.

Elio Di Rupo reconnaît que ce n’est pas lui qui rédige ses posts et tweets. Mais on se souvient des gaffes sur Twitter d’Yves Leterme lorsqu’il était Premier ministre..

Oui. Mais c’était d’avantage honnête. Leterme fait un usage privé de Twitter, trop privé parfois. Mais c’est vraiment spontané et pas complètement calculé comme Di Rupo. Didier Reynders et sa météo qui est devenue comme un gimmick aussi. Et récemment Philippe Moureaux s’est emparé de Twitter pour formuler des tweets assassins bien dans son style.

Au-delà, la communication Di Rupo se résume à un nœud papillon. Et là, c’est unique et parfait, non ?

Le nœud papillon est sa tenue de combat, son habit de guerre, sa marque de fabrique. Le nœud papillon est à Elio Di Rupo ce que la virgule est à Nike. Il joue son look à la perfection. Même la couleur est calculée. On est passé du rouge éclatant très PS à un violet plus modéré et plus adapté sur la scène internationale.¦ C.Ernens

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :