Les platanes, ces parasites en temps de crise

Une carte blanche circonstanciée, parue dans Le Soir, le 6 septembre 2011, sur « l’affaire des platanes » à Bruxelles.

Trois cents platanes contre la Pax Bruxellae. Tel est le triste épilogue de l’épineux dossier du réaménagement de l’avenue du Port à Bruxelles, dans lequel Brigitte Grouwels (CD&V) aura fait plier l’Olivier bruxellois.

Restent quelques enseignements à tirer.

1. Déjà à l’origine de l’abattage des marronniers de l’avenue de Tervuren et du nouveau look noir et jaune des taxis bruxellois, Brigitte Grouwels ne rechigne jamais à endosser le « mauvais rôle ».

Dendrophobie manifeste ? Volonté d’éradiquer un certain patrimoine urbain ?

Dans ce dossier, le flegme de la ministre qui jadis exigeait la mise sous tutelle de Bruxelles par la Flandre dans une revue étiquetée Vlaams Blok, traduit une maîtrise communicationnelle exemplaire. Malgré l’opprobre de quelques collègues au sein du gouvernement, l’élue néerlandophone ne se laissa pas démonter, ne considérant jamais les associations de riverains et autres 10.000 pétitionnaires comme interlocuteurs valables.

Implacable, une dernière note sera concoctée par son cabinet la veille du conseil des ministres. Un timing parfait qui coupera court aux indignations stériles survenues in extremis.

La ministre qui, côté flamand, aura axé son argumentaire sur la « mobilité douce », chère à Bruno De Lille (Groen !), sort grandie de ce passage en force.

2. Élue avec seulement 0,46 % des voix, Brigitte Grouwels est néanmoins intouchable au sein de l’Olivier : « Si chacun s’occupe de ses affaires le gouvernement bruxellois ne s’en portera que mieux ». Cette immunité conférée par la surreprésentation flamande au sein de l’effectif régional la place systématiquement en position de force, sa popularité n’ayant aucune emprise sur son éligibilité, avec un micro-électorat de base : elle a comptabilisé 2.245 voix de préférences aux dernières élections.

Par conséquent, pendant que la ministre s’exerçait au hula-hoop à Courtrai, pour les 10 ans du CD&V, l’Olivier fut pris à la gorge. « On n’allait pas faire sauter le gouvernement pour des platanes », estimait Charles Picqué (PS), pour qui « remettre en cause le projet, c’était aussi mettre à mal la cohésion au sein du gouvernement. On ne peut pas se le permettre, surtout en cette période délicate ».

Entre faux espoirs et vrais regrets, la cacophonie communicationnelle de l’Olivier entourant ce dossier ne pourra que renforcer le fossé entre citoyens « inaudibles » et élus.

3. Le binôme Ecolo/Groen ! « en déploiement », selon Jean-Marc Nollet, fait de la realpolitik, l’écologie ne constituant plus son unique core business. Espoir retrouvé au Fédéral – « sans parasite autour de la table » – et harmonie de l’Olivier préservée.

Christos Doulkeridis annoncera ainsi que l’attitude d’Ecolo ne changerait pas, « notamment en raison de la situation politique très difficile que traverse le pays ».

Comme le démontre la prolongation indéterminée du duo Javaux-Turine à la présidence d’Ecolo, les verts font désormais fi de tout radicalisme dogmatique et se positionnent avant tout, pragmatiquement, comme partis de gouvernement. Non sans amertume !

Car il subsiste beaucoup de bruit dans la communication verte, entre une coprésidente bruxelloise, Sarah Turine, peu visible dans ce dossier, regrettant « l’absence d’écoute de la ministre Grouwels » et un Bruno De Lille s’enfuyant en vélo au terme du verdict fatal aux platanes.

Tous deux sont vraisemblablement conscients que l’éco-crédibilité de la majorité est ici mise en cause, les coups de hache de la ministre Grouwels ayant également entamé la verte-branche sur laquelle le groupe Ecolo/Groen ! est assis en Région bruxelloise.

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