Co-interview parue dans La Libre Belgique, le 2 décembre 2013.
Un style, une façon de travailler et un physique hors norme
Atypique. » Michel Hermans, professeur à l’Université de Liège, et Nicolas Baygert, chercheur à l’Université catholique de Louvain et professeur invité à l’Ihecs, sont deux spécialistes de la communication politique. Ils s’accordent sans difficulté lorsqu’il s’agit de qualifier Maggie De Block (Open VLD), la nouvelle star de la politique flamande. Selon eux, elle se situe largement hors du carcan communicationnel traditionnel.
1) Son style. « Elle est dans l’anti-com’« , expose M. Baygert. Prenez Bart De Wever, le président de la N-VA. Il est dans la recherche du coup d’éclat permanent. Maggie De Block, elle, ne rentre pas dans ce jeu. »Par métaphore avec « le fast-food et le slow-food, elle se situe dans la slow-politique par rapport à l’effervescence politique permanente. Rappelez-vous qu’à sa prise de fonction, elle avait demandé six mois avant de se prononcer publiquement, le temps d’entrer dans ses dossiers ». « C’est une femme discrète, peu charismatique« , appuie Michel Hermans. « Tout l’opposé de la politique people, incarnée notamment par Freya Van den Bossche (ministre SP.A au gouvernement flamand) ». « Avec Maggie De Block, on est dans le non-formaté« , embraye Nicolas Baygert. « C’est du bio, un produit authentique. Elle a cette volonté de faire les choses autrement ». Pour le professeur de l’ULg, « il me paraît très clair que, compte tenu des railleries dont elle a fait l’objet à cause de son physique lors de son entrée au gouvernement, elle doit son succès à sa politique ! »
2) Sa politique. « Ferme. » Sans aucun doute. « Dès le moment où un demandeur d’asile ne répond pas aux conditions, il est dehors », constate le Liégeois. La secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration « fait respecter la loi. En plus, elle agit rapidement. Elle mène sa barque sans frein, elle ne plie pas », même devant certains cas très délicats qui ont ému une frange de la population flamande. Un manque d’humanité ?« Ça ne la tracasse visiblement pas… En tant que libérale, elle peut appliquer le programme de son parti. Elle sait que sa politique est ferme, peut-être inhumaine, mais qu’elle est sans doute nécessaire pour des raisons économiques (on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, surtout dans le contexte budgétaire actuel) et sociales (c’est une façon de lutter contre la montée des extrémismes et de la xénophobie). A cet égard, on peut dire qu’elle fait un travail populiste et populaire. »
3) Son physique. Le chercheur de l’UCL résume : « Au départ, son physique n’était pas facile. Mais il est devenu un atout… » « Elle dénote par son physique, on la remarque tout de suite », poursuit-il. « Dans un premier temps, lors de son arrivée au gouvernement, cela lui a valu des moqueries et des blagues de mauvais goût », développe M. Hermans. « Et puis, dans un second temps, en réalisant sa politique, elle est parvenue à se faire respecter, voire crainte… Elle a retourné la situation à son avantage. Aujourd’hui, tout le monde sait qui est Maggie De Block » et, corollaire, tout le monde connaît les résultats -probants sur le plan comptable- de sa politique migratoire. Les deux spécialistes estiment toutefois que, hier comme aujourd’hui, elle n’utilise pas son physique comme un atout électoral. Même si, constate Nicolas Baygert,« il lui donne une dimension maternelle. Son physique chaleureux emballe son action politique assez dure et assez froide dans du beau papier. Mais elle n’en joue pas. Tout l’opposé de Bart De Wever… ». « Elle, on ne la juge pas son sur physique, mais sur ses réalisations, conclut Michel Hermans. Lors des élections de mai 2014, elle n’aura pas à faire grand-chose pour convaincre son électorat. Contrairement à beaucoup d’autres ministres, il lui suffira de présenter son bilan… Clairement, Maggie De Block est atypique ».
Contrairement à beaucoup d’autres ministres, il lui suffira de présenter son bilan.
On dirait que vous le regrettez presque
Loin de là, en ce qui me concerne (pour Michel Hermans, je ne puis me prononcer).