Pourquoi les sondeurs n’ont pas vu venir l’ovni Trump

Entretien croisé avec  Pascal Delwit (ULB) pour l’Echo, paru le 10 novembre 2016.

Un seul sondeur sur 20 donnait Trump gagnant. Ils n’ont pas vu venir le raz-de-marée car ils se sont trop focalisé sur les minorités visibles, et non sur la majorité blanche et silencieuse.

Outre les médias, les sondeurs se sont aussi plantés. Sur les 20 plus grands instituts qui ont interrogé l’opinion depuis la mi-septembre, un seul a toujours donné la victoire à Trump.

Et comme les médias avec lesquels beaucoup d’entre eux travaillent, ils vont devoir se livrer à une introspection. « Ils se sont focalisés sur les minorités visibles, les Noirs, les Latinos, pas assez sur la majorité silencieuse, les Américains moyens, blancs, qui vivent dans le Midwest et qui ont massivement voté« , relève Nicolas Baygert, professeur en communication politique à l’ULB et à l’IHECS.

« À la décharge des sondeurs, ces gens sont difficiles à cerner: ils ne disent pas clairement leurs intentions surtout lorsqu’ils s’apprêtent à voter pour un candidat qui cristallise les tensions », enchaîne Pascal Delwit, politologue à l’ULB, pointant la complexité de plus en plus grande de l’électorat: « Auparavant, cinq attributs sociaux suffisaient pour constituer un échantillon de sondés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, car la société est beaucoup plus variée. »

La plupart des sondeurs composent leurs échantillons en se basant sur la continuité du comportement électorat. Ils demandent aux gens pour qui ils ont voté lors du précédent scrutin pour en tirer des probabilités sur l’élection à venir. Le problème, c’est que Donald Trump était un candidat tellement atypique que son électorat a été sous-estimé.

Cette complexité se retrouve aussi dans l’attitude des partisans de Bernie Sanders, battu par Hillary Clinton lors de l’investiture démocrate: « Les sondeurs ont cru qu’ils lui apporteraient leurs voix, mais n’ont pas compris que Sanders est quasiment aussi anti-système que Trump, ajoute Nicolas Baygert. Ce à quoi on a assisté, c’est moins à un clivage gauche/droite qu’à un clivage système/anti-système. »

Là aussi, il faudra tirer les leçons de cet échec. « On donne trop d’importance aux sondages, souligne Pascal Delwit. Mais je ne crois pas trop à leur disparition, ils font partie du système. Par contre, il faut davantage prendre en compte des marges d’erreur qui entraînent des biais dans les résultats. L’idéal serait d’avoir des échantillons plus grands, mais cela coûte cher. »

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