Interview parue dans La Dernière Heure, le 14 janvier 2018. Propos recueillis par Simon Breem.
Mais comment fait Theo Francken pour rester si populaire ? En novembre dernier, le Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration s’est hissé au-dessus d’Elio Di Rupo en Wallonie, région où il ne se présente même pas pour les élections à venir. Pourtant, Theo Francken est devenu la proie préférée de nombreux médias, médias dont il a choisi de se passer pour communiquer. Car c’est bien là que réside sa stratégie.
“À travers une communication engagée sur les réseaux sociaux, Francken présente une volonté de s’adresser directement à ses interlocuteurs, sans passer par le filtre des médias” , explique Nicolas Baygert, expert en communication politique et professeur à l’Ihecs et à l’ULB. “Et c’est justement ce qui est attendu de l’électorat aujourd’hui, un électorat qui préfère des leaders politiques qui ne jouent pas le jeu du politiquement correct. De plus, en utilisant les réseaux sociaux pour s’adresser au public, Theo Francken court-circuite la communication politique traditionnelle en devenant lui-même un média”.
Mais jusque quand ce petit manège pourra-t-il durer ? Selon Nicolas Baygert, la fin du succès de Theo Francken n’est pas près d’arriver. “En fait, tant que les médias se focaliseront sur lui, il restera au top”, explique l’expert. “Theo Francken aime à se comparer avec un boxeur, qui rendrait chaque coup qui lui est adressé. Entre chaque round, il attend au bord du ring pour pouvoir repartir. Et c’est là qu’il tranche avec la communication politique consensuelle, et obtient un tel succès tant en Flandre qu’en Wallonie”.
Il est certain que Theo Francken n’est pas du genre à se dégonfler.
Jeudi, suite aux nombreuses attaques subies en séance plénière, il déclarait ceci au micro de VTM : “Il est vrai que je suis souvent au milieu de la tempête, mais c’est pour cela que nous sommes en politique et c’est pour cela que nous avons les épaules solides”.
Cette figure de combattant plaît évidemment aujourd’hui au public. ”il est en totale contradiction avec l’homme politique précieux au physique de banquier ” ajoute le spécialiste.
Enfin, conclut Nicolas Baygert, Theo Francken est quelqu’un qui ne va pas hésiter à poser avec ses amis dans un stade de foot, disant aux électeurs : “Vous voyez, je suis un gars comme vous”.
Une carte que Trump, à qui on l’avait récemment comparé, ne pourrait pas jouer du haut de son building de Manhattan.
Simon Breem
Une manifestation appelait hier à la démission du secrétaire d’Etat Theo Francken.belga
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