Mention dans le Luxemburger Wort. Article de Max HELLEFF paru le 21 mai 2021.
Les partis belges sont de plus en plus nombreux à utiliser la plateforme de diffusion en live de jeux vidéos. Un coup de jeune dans leur communication.
Comme partout ailleurs, les nouveaux médias ont révolutionné la vie politique en Belgique. Twitter est probablement le plus employé. Il a ses champions comme le président du Mouvement réformateur (libéral francophone) Georges-Louis Bouchez ou l’enfant terrible de la N-VA nationaliste flamande Theo Francken. C’est par ailleurs en investissant d’importantes sommes d’argent dans Facebook que le Vlaams Belang (extrême droite) a réalisé son impressionnant score des élections législatives de mai 2019.
Désormais, c’est au tour de Twitch d’avoir les faveurs grandissantes du landerneau politique. Twitch est une plateforme de diffusion en live streaming de jeux vidéos. Réservée initialement aux «gamers», elle est utilisée par celles et ceux qui ont beaucoup à gagner à être en interaction directe avec le public.
Ainsi le Parti socialiste a-t-il créé sa propre chaîne sur ce réseau. En mars dernier, le président du PS Paul Magnette y a fait une apparition remarquée. «Oh, un mafieux sur mon écran!», avait lancé un internaute. «Je ne sais pas de qui vous parlez, mais si c’est de moi, bonsoir. Pas de problème. J’ai l’habitude, vous n’imaginez pas», avait rétorqué non sans humour le socialiste. Et de continuer : «J’ai parfois du mal à comprendre les gens qui passent leur journée à juste écrire des injures et à dire du mal. Mais bon… Si, en disant du mal de moi, ça leur fait du bien et qu’ils se sentent mieux après, tant mieux pour eux. Je suis content de contribuer à ce qu’ils aillent mieux.»
Sans surprise, c’est le covid qui a imposé aux hommes et aux femmes politiques de se tourner davantage vers les réseaux sociaux. Non sans risque puisque la parole complotiste y va bon train. Et non sans paradoxe, si l’on sait que Twitch – qui appartient à Amazon depuis 2014 – sert les intérêts d’un business qui va à l’encontre des valeurs et des intérêts du militant socialiste lambda.
Mais par temps de crise sanitaire, le danger d’être davantage déconnecté de la population semble plus important. Le monde politique n’a donc eu d’autre choix que de s’implanter un peu plus sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Instagram, Twitch, TikTok, YouTube, Linkedin… tous sont appelés à la rescousse pour remplacer les marchés et les foires au boudin où les responsables publics avaient l’habitude de «serrer des louches».
Sur la chaîne publique RTBF, le spécialiste en communication politique Nicolas Baygert explique que les leaders de parti vont sur Twitch pour «suivre un effet de mode et ne pas être dépassés par ces nouvelles technologies». Ils ont compris que « la différence d’investissement dans les réseaux sociaux avait eu un impact sur les résultats». Il y est possible de toucher des jeunes de toutes conditions par le biais d’échanges ping-pong qui peuvent vous faire gagner les électeurs de demain.
Une erreur d’appréciation est toutefois vite commise. Alors que la tension était à son comble entre Israël et la bande de Gaza à la mi-mai, la coprésidente d’Ecolo Rajae Maouane a posté une photo sur son réseau Instagram en tant que «story». On y voyait un combattant palestinien lançant une pierre alors qu’était diffusée la chanson Wein Al Malayeen de la chanteuse libanaise Julia Boutros, connue pour ses liens avec le Hezbollah. Dans cette chanson, elle appelle le peuple arabe à lutter contre «les fils de Sion». Les réactions de la communauté juive et des adversaires politiques d’Ecolo ne se sont pas fait attendre. Rajae Maouane a plaidé la maladresse.
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